Moi, Domino, il y a bien longtemps, je vivais tranquille dans mon appartement, avec mon copain Ulysse et ma Maîtresse.
Je me souviens vaguement, mais à peine, que j'étais sur le rebord de la fenêtre et, l'instant d'après, un bruit sourd comme mes pattes touchaient quelque chose de dur, j'étais…
Je ne sais plus où j'étais.
Le brouillard, la ouate, le flou.
Où je suis allée ?
Je sais pas. Je suis allée, c'est tout.
J'ai traversé plusieurs fois une petite forêt, plusieurs fois les mêmes jardins, avec des chiens et des chats qui tantôt me poursuivaient, tantôt m'attaquaient, tantôt m'ignoraient.
J'ai traversé plusieurs fois les mêmes rues, les mêmes routes, avec les autos, la camions, les motos, qui me frôlaient.
J'ai bu dans les caniveaux, j'ai eu faim, très faim.
Il a fallu que je dispute ma nourriture aux rats, là où se trouvent les poubelles.
J'ai même mangé n'importe quoi.
Il faisait de plus en plus sombre, les bruits étaient de plus en plus feutrés.
Combien de temps cela a duré ?
Comment vous le dire ?
Je sentais que bientôt il n'y aurait plus du tout de Domino.
J'allais, comme beaucoup de minets le font, me retirer dans un lieu secret pour y finir ma vie de chat.
Je miaulais. J'ai senti de grosses mains me prendre et m'emporter.
Un moment après j'étais dans un lieu où il me semblait être déjà venue. Un front bien connu se pencha sur moi et je me surpris à ronronner pour la première fois depuis… depuis… je ne sais plus.
Je suis toujours dans le brouillard, la ouate, le flou.
Mais je n'ai plus faim.
On s'occupe de moi, on me soigne.
Comment c'était avant ?
Moi, Domino, je dois oublier, et me refaire une vie dans ma nouvelle maison, qui est peut-être peu différente de là où j'étais avant le cauchemar.
Il y a quelqu'un qui me caresse.
C'est ma Maîtresse, bien sûr ! Et je suis sa fifille !
Moi, Frimousse, j'ai demandé à mon Maître d'écrire un petit quelque chose pour encourager Domino et sa Maîtresse.
C'est ce que vous venez de lire.